mercredi 12 janvier 2011

Religion (bis).

Dans l'article précédent « Religion d’ignorants et religion de sachants », j'ai essayé d'expliquer le glissement qui s'est effectué, de l'islam des « ignorants » vers une religion d'érudits, de "connaissants", de sachants. Une radicalisation que chacun a pu constater et qu'on peut appeler comme on veut: wahabbisme, salafisme, ... mais qui n'est, en réalité, qu'un retour aux sources véritables, l'Islam du Livre. L'application stricte des Ecritures. L'islam doctrinal pur et dur.

Durant ces dernières décennies, les aléas de l'Histoire ont amené les musulmans à étudier leur dogme et ainsi à mieux le connaître. Je pense que la raison principale de ce « renouveau » est dû à la révolution iranienne: face à l'influence qu'a engendré la victoire du chiisme des ayatollahs, les sunnites devaient réagir; c'est ainsi que les Etat musulmans, pays du Golfe persique en tête, déversèrent leurs pétro-dollars sans compter pour ne pas rester à la traîne. Dans le contexte de leur environnement, les musulmans se sont ainsi radicalisés. Pas seulement dans les pays où ils sont majoritaires, pas seulement dans ces pays instables dirigés depuis la nuit des temps par des dictatures, en Kabylie ou ailleurs. Car les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets, ceux d'Occident ne dérogèrent pas à cette règle. Particulièrement en Europe de l'ouest, particulièrement en France.

Il y a quelques années, les musulmans de France étaient presque invisibles, on n'entendait jamais parler d'eux. Aujourd'hui, ils « envahissent » l'espace public, poussant leur jalons toujours plus loin. Leurs demandes sont sans cesse à la hausse. En prenant son temps, pour ne pas brusquer. Il est important de laisser le temps agir sur les consciences, laisser les habitudes s'installer graduellement, laisser les faits se banaliser. Une revendication passe mal? Aucune importance: une légère reculade, pour mieux reprendre son élan le moment venu. Et le temps finit par faire son oeuvre: les comportements les plus étranges sont banalisés. Ainsi, dans certains quartiers de Paris, la prière du vendredi descend dans la rue, bloquant toute autre activité. A ceux qui s'en offusquent, on répond qu'ils ne sont que de vulgaires racistes, des xénophobes de bas niveau. Comment peut-on à ce point faire l'amalgame entre religion et race, confondre critique d'une religion et racisme? Va-t-on aller jusqu'à légiférer pour interdire toute critique, toute manifestation antireligieuse? Lors de « l'affaire des caricatures », le procès intenté contre Charlie Hébdo par les musulmans est symptomatique de cette volonté. En juin 2010, l'interdiction du rassemblement « saucisson et pinard » semble être un indicateur de cette dérive vers une société moralisatrice: une « élite » bien-pensante et consensuelle viendrait nous dire la bonne parole et la piétaille n'aura plus qu'à s'exécuter: circulez, y a rien à voir!!!

C'est ainsi que le « paysage politique » français s'est trouvé chamboulé: aujourd'hui, les sujets de société récurrents se rapportent à l'islam et à sa façon de remettre en cause, sans répit, la société laïque que des générations ont eu du mal à mettre en place dans notre pays. Ainsi, on a eu entre autre l'affaire du foulard à l'école, les demandes d'aménagement d'horaires spéciaux pour femmes dans les gymnases et piscines, les revendications communautaires au sein des entreprises (menus halal, espaces dédiés au culte, ...), les constructions de mosquées, le hidjab et le niqab, etc. On constate aussi dans l'enseignement public un taux d'absentéisme défiant toutes les statistiques à l'occasion de fêtes religieuses. Ce qui préfigure peut-être une revendication future: intégrer dans le calendrier scolaire les fêtes musulmanes, au même titre que Pâques, la Toussaint ou Noël. Cet excès de religiosité a aussi d'autres conséquences assez inattendues, comme le taux élevé d'accidents du travail en période de ramadan, comme cette initiative pour le moins surprenante de cette chaîne de restauration rapide qui ne sert dans ses établissements que des menus halal, et tant pis pour ceux qui mangent du boeuf non égorgé, tant pis pour ceux qui se régalent de jambon: qu'ils aillent à la concurrence! Parallèlement à ces problèmes, on constate une recrudescence de l'anti-féminisme, de l'anti-sionisme et de l'homophobie.

Alors, y a-t-il des limites à respecter, de part et d'autre? Y a-t-il un arrangement possible capable de préserver la laïcité et les principes républicains? Y a-t-il volonté réelle d'une intégration qui n'inclut pas dans ses rêves absurdes l'hégémonie universelle? La religion peut-elle ne pas s'inscrire continuellement dans l'espace public et se cantonner à la sphère privée? Peut-elle se fixer les mêmes limites que s'est imposée la France par sa loi du 9 décembre 1905? La hiérarchie musulmane de France (Union des Organisations Islamiques de France, Institut Musulman de la Grande Mosquée de Paris, Comité de Coordination des Musulmans turcs de France, Fédération des Associations islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles, etc, pour la plupart regroupés au sein du CFCM) ne donne aucune réponse claire à ces questions. Aucune réponse non équivoque. La communauté musulmane de France pratiquerait-elle la taquia?


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire