Par Tufail Ahmad 06th Juin 2013 07:50 AM, The New Indian Express
L'islamisme est un mouvement culturel et politique visant à éradiquer la philosophie laïque et démocratique d'une société dans le but d'ouvrir la voie à l'islam.
Il introduit la religiosité exhibitionniste dans la vie des gens: il n'y a pas de problème si une femme porte une burqa, mais le problème est un ensemble d'idées religieuses et politiques qui lui fait choisir un tel code vestimentaire.
Par la suite, ces idées commencent à frapper aux racines de la liberté individuelle, de la liberté des femmes, des droits des non-musulmans et de la liberté de la presse.
L'American Heritage Dictionary définit l'islamisme comme un "mouvement du renouveau islamique, souvent caractérisé par le conservatisme moral, le littéralisme et la tentative de mettre en œuvre les valeurs islamiques dans toutes les sphères de la vie". Il est pertinent de consulter les exemples récents qui montrent la façon dont se vit l'islamisme dans la vie quotidienne.
En 2010, les islamistes du Kerala [1] ont coupé la main d'un coférencier du Collège TJ Joseph pour avoir éditer un document qu'ils ont jugé comme manquant de respect envers le prophète Mahomet.
En 2011, les islamistes menés par Syed Ahmed Bukhari ont obligé à la fermeture d'une exposition sur le "coran en 53 langues", organisée par la Jamaat Ahmadiyya [2] à Delhi. Il y a peu de temps, dans le Tamil Nadu , l'acteur-producteur Kamal Hassan a été contraint par les islamistes de modifier son film Vishwaroopam juste parce qu'il a montré des djihadistes récitant les versets du coran avant de lancer leurs attaques. En mai, des dizaines de milliers de Bangladais menés par le groupe islamiste Hefajat-e-Islam ont défilé dans Dhaka, exigeant des lois srtictes sur le blasphème.
Manifestants pakistanais |
Les médias pakistanais sont pleins de rapports concernant des filles hindoues converties de force à l'islam, ou des chrétiens accusés de blasphème, ou encore des maisons et des mosquées de musulmans ahmadis vandalisées, et les chiites sont déclarés infidèles et assassinés.
En Egypte, les islamistes ont pour cible les chrétiens, les accusant de blasphème envers l'islam, tandis qu'on interdit les emplois administratifs aux musulmans liberaux. Toujours en Egypte, dans la péninsule du Sinaï, les islamistes ont récemment tué un homme pour vente d'alcool.
En Tunisie, les islamistes ont profané des cimetières juifs et ont attaqué des galeries d'art et des cinémas.
En Turquie, récemment, les islamistes ont poignardé des couples qui s'embrassaient dans une station de métro d'Ankara pour protester contre les codes moraux imposés par les autorités turques. Pour rappel, la Turquie construit une méga-mosquée de 100 millions de $ en Amérique.
La Jordanie connaît des manifestations publiques islamistes.
Dans une prison britannique en mai dernier, un détenu islamiste a recruté deux autres islamistes pour frapper les gardiens.
Dans tous ces cas exposés, il ya un seul facteur commun: l'islam. Les djihadistes des différentes branches d'al-Qaïdaet et les islamistes partagent les mêmes objectifs idéologiques, la seule différence étant que les premiers sont armés et se considèrent comme des guerriers sur le champ de bataille contre les infidèles. Leur objectif à tous est: l'établissement de la charia. L'islamisme est le visage tranquille (soft) des djihadistes, parfois déguisé en islam libéral pour mieux nous tromper.
Poussé par un désir idéologique de faire revivre la gloire du califat islamique, les islamistes sont ouverts à l'utilisation des outils électoraux occidentaux, à la constitution et la primauté du droit, si c'est pour permettre l'introduction de l'islam dans la vie politique d'un pays. Leur tactique consiste à gagner une élection, réécrire la constitution du pays pour la rendre compatible avec l'islam et commencer l'islamisation. Inspiré par le succès des islamistes dans les printemps arabe, même les talibans sont ouverts à l'utilisation des référendums et des élections comme une tactique de conquête.
En mars dernier, Mullah Agha Jan Mutasim, un collaborateur du mollah Omar, a indiqué que les talibans pourraient former un parti, notant: "Nous devons lancer un mouvement politique pour atteindre les objectifs pour lesquels nous avons fait tant de sacrifices". Tenté par la montée des islamistes égyptiens, le "savant" barelvi [3] Tahirul Qadri est rentré au Pakistan en décembre dernier après son exil volontaire au Canada, pour fomenter à Islamabad un soulèvement de masse qui serait semblable à celui du Caire, dans le but de s'emparer du pouvoir. Sans succès pour l'instant, quoique.
"Loin de rendre inutile l'islamisme", écrit l'universitaire américain John M Owen IV, "le printemps arabe a accru sa crédibilité."
Dans le passé, les islamistes ont tenté de faire revivre la gloire de l'islam dans la sphère politique. Ces efforts ont été surnommés renouveau, fondamentalisme, islam politique, islam extrémiste, islam radical et autres. Dans l'ère moderne et démocratique, l'islamisme se profile comme une tentative distincte de comprendre la signification du pouvoir dans toutes ses complexités, d'affaires et militaires, comme signifié par l'Occident. Dans l'ère démocratique moderne, l'Islamisme apparaît comme une tentative distincte de comprendre les significations du pouvoir dans toutes ses complexités industrielles, d'entreprise et militaires, telles qu'on les conçoit en Occident.
Sur le danger de l'islamisme dans l'après 11 septembre 2001, l'expert en affaires islamiques Francis Robinson nous prévient: "[les islamistes] ont compris l'enjeu du pouvoir, mais dans l'engagement avec l'Occident, on les a considéré comme enclins à beaucoup sacrifier de ce qui était essentiel à l'islam et à la culture musulmane. Les islamistes ont vu le danger réel de la civilisation occidentale elle-même. Leurs véritables ennemis sont les élites laïques ou modernistes dans les sociétés musulmanes qui ont collaboré avec les forces politiques, économiques et culturels occidentales".
Commentant le phénomène de l'islamisme, Mehdi Mozaffari de l'Université d'Aarhus observe: "Avant la révolution islamiste en Iran en 1978-79, les termes "islamisme" et "islamistes" étaient pratiquement absents du vocabulaire des journalistes." Maintenant, l'islamisme est des plus vigoureux.
Pour les partis islamistes qui ont accédé au pouvoir lors du printemps arabe, un prototype de politique était disponible depuis l'Iran pour ce qui concerne les politiques mises en œuvre après la révolution islamique de 1979, ou encore depuis la Turquie, où le Parti pour la Justice et le Développement a remporté les élections de 2002 ce qui a eu pour effet d'éliminer les influences libérales de la vie publique turque, et également depuis la bande de Gaza où le Hamas s'est emparé du pouvoir par les élections pour imposer la charia. [Partout où des élections libres sont organisées en pays musulman, les islamistes les gagnent. On a un autre exemple avec les élections algériennes de 1990,où le parti islamiste FIS est arrivé très largement en tête du scrutin].
Dans son nouvel avatar, l'islamisme est aussi une tentative juridique de redéfinir la relation entre l'islam et l'Etat et entre l'Etat et les citoyens. En 2011, l'ex-islamiste Maajid Nawaz a observé: "L'islamisme est l'idée qui vise à mettre en œuvre une interprétation de l'islam sur le reste de la société, par la loi. Certains islamistes cherchent à le faire grâce à la politique politicienne et d'autres par la violence".
Maintenant, tous les musulmans sont des Usama ben Laden. Fidayan ("Ceux qui se sacrifient") |
Dans le sillage du printemps arabe, le journaliste basé au Caire Heba Saleh a écrit que l'islamisme ne constitue pas un "large éventail d'opinions" susceptible d'évoluer à un consensus sur la politique gouvernementale. Dans la conception des islamistes, les citoyens non-musulmans ne sont pas autorisés à gouverner ou diriger un Etat islamique. Kevin B Anderson, un expert de la révolution iranienne, résume: l'islamisme a "de nombreuses fonctionnalités, partout il est anti-féministe, partout il est autoritaire, et partout il est intolérant envers les autres religions."
L'auteur, Tufail Ahmad est directeur de projet études Asie du Sud, à l'Institut Middle East Media Research, Washington DC.
[1] Kerala: Etat de l'Inde, situé au sud-ouest de la péninsule, peuplé à 25% de musulmans.
[2] Les ahmadis sont des réformistes musulmans considérés comme hérétiques par les musulmans orthodoxes, donc punissables de mort. La Jamaat Ahmadiyya est une de leur représentation officielle. L'Organisation de la Conférence Islamique les a déclarés non musulmans en 1973, leur interdisant le pèlerinage à La Mecque. Ils sont persécutés dans de nombreux pays.
[3] Le barelvi est une branche du sunnisme qui compte 200 millions d'adeptes, principalement présents dans l'Asie du Sud.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire