mercredi 29 février 2012

Caillou noir et vielles pierres


Des mystères non résolus foisonnent dans l’histoire de l’archéologie. Certains sont connus, comme les lignes de Nazca, le Chandelier des Andes, Teotihuacan, Tiahuanaco, les têtes Olmèques à l’étrange faciès chinois, les Géants de l’île de Pâques, Stonehenge, etc. D’autres, beaucoup moins, tels Glozel (pas très loin de Vichy), Le Lebous (Saint-Mathieu-de-Tréviers, près de Montpellier), les statues-menhirs de Filitosa (Corse) et bien d’autres encore. Des énigmes que peut-être l’homme ne déchiffrera jamais.
Les exemples de sites méconnus n’ont pas été pris au hasard, ils sont situés en France. Il y en a bien sûr des milliers d’autres, répartis sur toute l’étendue de la Terre. Il y en a un qui est très loin de nous et encore plus méconnu, et pour cause : il se situe en Arabie Saoudite. C’est Medain Saleh. Il faut être passioné d’archéologie pour avoir entendu parler de ce site. Voici ce que j’en ai retenu à travers ce qu’en disent les livres que j’ai consulté.


D’abord, il faut parler du caillou noir que vénèrent les musulmans. Une vénération qui risque de les conduire dans l’enfer de leur dieu allah, qui, même s’il n’existe pas, ne veut aucune autre idolâtrie  que celle vouée à sa propre personne. Les traditions arabes ne s’embarrassent pas de légendes au sujet de ce caillou, mais c’est vrai que, question légendes, les musulmans sont arrivés à un stade très difficilement égalable. Ils sont friands de légendes, des plus invraisemblables aux plus farfelues. Mais que voulez-vous, la croyance est comme l’amour, elle rend aveugle et sourd. A ce sujet, je vous avais déjà raconté l’histoire du roi Salomon et de sa huppe-messagère, de son armée de djinns, d’hommes et d’animaux doués de parole. Un jour peut-être, j’espère bien vous raconter celle de l’Ange Gabriel aux 600 Ailes.


Pour l’instant, voyons un peu quels sont les mythes liés à cette pierre :
- Certains nous disent qu’elle aurait été amenée là par Adam lui-même en « souvenir du paradis » et il lui aurait bâti le temple qui devint par la suite la Kaaba qu’on connait aujourd’hui ; Adam traversant les siècles et devenant d’un coup bâtisseur, c’est une première mondiale.
- D’autres nous disent que c’est l’Ange Gabriel (Djibril) qui, d’un coup de ses 600 ailes, l’aurait amené là où elle se trouve.
- D’autre encore, qu’elle fut d’abord mise à l'abri du déluge sur le mont Abu Qubay avant d’être donnée par Gabriel à Abraham et Ismaël lorsqu’ils bâtirent la Kaaba. Alors que le patriarche et son fils n’ont jamais mis les pieds au Hedjaz, encore moins à la Mecque.
- Une version similaire: quand Abraham et Ismaël bâtissaient la Kaaba, l'ange Gabriel leur apporta une jacinthe blanche. Elle devint pierre noire au contact d’une femme, preuve de plus s’il en fallait que les femmes sont impures).
-  Allah aurait lui-même jeté cet aérolithe sur La Mecque en gage de sa fidélité (sic ! La fidélité de dieu envers « son peuple).
On dit aussi que ce caillou était blanc et brillant, il devint noir en se chargeant des péchés des musulmans.
Ce caillou n’est, en réalité que l’islamisation d’un culte bien antérieur au mahométisme et que les musulmans détournèrent au profit de leur dogme. Le culte des pierres se pratiquait un peu partout à l’époque de la « jahiliya » (paganisme) dans la péninsule arabique, particulièrement par les Nabatéens. Ce peuple de caravaniers avait l’habitude de se déplacer à travers le désert. Ils quittaient leurs terres pour aller vers le nord se livrer à leur commerce. Sur leur route, qui reliait le Hedjaz à Pétra, ils y ont construit un site gigantesque : le sanctuaire de Médain Saleh, la Hégra grecque.

Il est vaste (1463 ha) et comprend plusieurs ensembles de vestiges. Comme à Pétra, les Nabatéens construit et taillé dans la roche des nécropoles, qui contiennent plus de 100 monuments funéraires, dont des tombeaux à façade décorée,  près de 2000  de deux mille tombes ordinaires, un secteur religieux, installé dans le massif rocheux le plus élevé du site, à l’entrée duquel a été le Diwan. Dans ce massif et autour ont été taillées de nombreuses niches. Certaines comportent des signes gravés en nabatéen. Des couloirs et des salles conduisent au fond du temple, jusqu’à un énorme bloc de pierre détaché de la paroi: l’autel des sacrifices. Les tombeaux et le temple se signalent par une multitude de « pierres sacrées », des bétyles sur lesquelles sont inscrits des noms de personnes.
Chose pour le moins étrange, Médain Saleh ne semble pas avoir été habité, on y a découvert que de rares vestiges d’habitations. Alors, ce site gigantesque qui ne peut pas être simplement un lieu de passage ou d’étape pour caravaniers ne serait-t-il qu’un cimetière, un lieu sacré où on venait de loin inhumer ses morts? Ou avait-il une autre utilité ? Pour le moment, on n’en sait pas beaucoup plus.



Les méthodes de prospections sont arrivées au bout de leurs limites, il faudrait mettre en œuvre un vaste programme de recherches beaucoup plus approfondies, une exploration plus poussée. Mais, est-ce que les Saoudiens sont prêts à donner les autorisations nécessaires? Peut-être redoutent-ils une découverte qui remettrait en cause la base même de leur domination sur le monde musulman?  

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