dimanche 30 janvier 2011

Tunisie et Egypte: comparer l'incomparable


Les médias sont unanimes: ce qui se passe en Egypte est comparable avec la révolution tunisienne. Or, rien n'est plus faux et les journalistes qui nous disent cela se fourrent le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. A moins qu'ils ne participent à une volonté sournoise de tout mettre dans le même sac et de comparer l'incomparable. Ce qui serait infiniment plus grave. Alors que les 2 révoltes n'ont en commun que le ras-le-bol d'un même système, qui gangrène quasiment toute l'Afrique, pour ne parler que de ce continent. En voici les principales raisons.

D'abord, les slogans. Ils sont politiques et uniquement politiques en Tunisie. Alors qu'en Egypte, les slogans les plus répétés sont les « allahou akbar ».

Ensuite, les symboles. Où l'on voit d'un côté des hommes et des femmes tunisiens responsables, engagés, modernes et instruits, réclamer la démocratie et la liberté. Et de l'autre, en Egypte, une société masculine, machiste où l'homme seul a droit de descendre dans la rue. Où les quelques femmes qu'on nous montre sont habillées comme des zombies et ne sont là que pour pleurer un mort, qui ira grossir le chiffre des « martyrs », concept très cher aux musulmans. Des hommes et des femmes qui vivent dans 2 mondes séparés, des femmes sans aucun rôle ni politique ni social, qui ne sont là que pour être fatalistes et soumises aux mâles dominants. Quel contraste, entre Tunisie et Egypte, même si le phénomène existe aussi en Tunisie!

Le troisième argument est sociétal. En Tunisie, on a affaire à une société ouverte dont l'instruction ne se limite pas au seul coran, une société qui ne met en avant aucun dogme. Des Tunisiens qui ont atteint un degré de maturité unique dans le « monde musulman » et qui incarnent peut-être le renouveau de l'Afrique du Nord. De l'autre, une société égyptienne féodale, facilement manipulable et manipulée car maintenue dans l'ignorance, une société fanatisée et arriérée qui ne peut se défaire de ses tortionnaires que pour en adopter d'autres bien pires.

Enfin, la morale publique et la moralité. En Tunisie, le Chef des Armées a tenu tête à ben Ali en refusant de faire tirer sur la foule. Quand en Egypte le pouvoir annonce en grandes pompes quelques mesurettes vraiment symboliques de ce que subit ce pays: la nomination d'un vice-président aux ordres, ancien chef des barbouzes, ainsi que la désignation d'un nouveau premier ministre issu de l'armée.

En conclusion, nous avons d'un côté des Tunisiens qui ont acquis la maturité politique, qui ont un potentiel énorme et une volonté de changement incomparable. Et de l'autre, des Egyptiens inféodés soit au pouvoir, soit aux extrémistes. Des Egyptiens qui se battent aussi, mais pour mettre qui, à la place de la clique mafieuse actuelle?

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